à propos du P.C.R.


[illustration d'une édition hollandaise]


- Oh, psttt!, et d'abord c'est quoi, hein, un chaperon rouge ?
- Quoi ?
- Rouge, ok: c'en est la couleur. Mais un chaperon ?
- Si tu avais pris la peine d'ouvrir le dictionnaire (tu sais, ce truc plein de pages et de poussière), un chaperon c'est avant tout un capuchon.
- Ah ? Le capuchon d'un bic ?
- Non. Pas le capuchon d'un Bic. Plutôt la capuche de ton manteau d'automne...
- Plic-ploc !
- Exactement ! Et la petite fille de l'histoire l'avait tellement porté, son chaperon rouge (il était sans doute tombé des cordes plus qu'à l'accoutumée), que Charles Perrault, ému, a décidé d'en faire un conte pour enfants. Par contre, l'histoire ne raconte pas si elle portait également des bottes rouges ! [rires]
- Et d'abord c'est quoi, hein, des bottes rouges ? C'est quoi? C'est quoi ?
- Tu sais, tu me plais beaucoup.
- Ah oui ?
- Eh oui. Et je vais te révéler un grand secret...
- Naon ?
- Si. Chaperon, en néerlandais, se dit "kap".
- Nom d'une pipe !

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1 tradition (orale)
2 versions (écrites)
une multitude de dérivés (ça oui !)

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Charles Perrault (1628 -1703)
L'histoire originale du Petit Chaperon Rouge a été écrite par Charles Perrault, d'après une tradition orale antérieure au XIIème siècle. Perrault s'est donc "contenté" de retranscrire un récit préexistant (ce qui n'est déjà pas si mal), dans lequel la fillette dévorait sa grand-mère et s'abreuvait de son sang (ça me paraît authentique, si ce n'est que je me demande tout de même comment on le sait... vu que c'était oral... enfin je veux dire...). A l'époque de sa retransciption, Perrault a largement "enfantiné" (et codifié) le conte, qui était auparavant destiné aux veillées des populations rurales et, de ce fait, plus cru(el).
Un résumé de la vie et de l'oeuvre de Perrault, en cliquant ici.


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- Les trois couleurs dominantes au Moyen-Âge...
- Quoi ? J'ai pas compris.
- Rouge, noir, blanc.
- C'est parce que je mangeai...
- Le loup est noir, le beurre est blanc. Le chaperon ne pouvait être que rouge.
- Ah, d'accord.
- Voilà. Et en italien, le conte s'intitule: "La Finta Nonna": "La Fausse Grand-Mère"...
- Super ! Dis, tu veux le reste de ma couque ? Moi j'ai pu faim.
- Non merci.
- Mais si, croque !
- Nonon.
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Jacob et Wilhelm Grimm (1785-1863 et 1786 - 1859)
De caractères différents mais toutefois inséparables, les frères Grimm ont repris à leur compte nombre de contes (cling! fait le tiroir-caisse). Ils ont édulcoré le "Petit Chaperon Rouge", lui donnant la forme la plus communément diffusée aujourd'hui. Ils moururent tous deux à la fin de leur vie. C'est dur.
Un résumé de la vie et de l'oeuvre des frères Grimm, en cliquant ici.


[statue des frères Grimm, à Hanau]

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- "Le Petit Chaperon Rouge", comme tant d'autres contes, nous l'avons entendu maintes fois enfants, et raconté de bien des manières, selon les mille et une fantaisies d'auteurs divers. On peut donc dire que son language est directement celui de notre langue maternelle.
- Dis, tu parles drôlement bien !
- Merci.
- Vraiment. C'est comme tu dis.
- Merci.
- Fait pas l'timide, hein !
- Ca va passer.

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"Le Petit Chaperon Rouge" (selon les frères Grimm... et Vincke)
...raconte l'histoire véridique d'une fillette bien insouciante qui traverse la forêt pour apporter une motte de beurre et une galette de pain d'épices à sa mère-grand. Pour passer inaperçue au sein des broussailles, elle a endossé un rutilant chaperon de couleur rouge, ce qui a le don d'agacer les taureaux et les loups [attention, ce qui suit révèle des moments de l'intrigue]. Les taureaux étant à la pâture, c'est donc le  loup qui s'en mêlera. Il mangera la mère-grand, boulotera l'enfante hypnotisée par ses molaires ruisselantes, puis, terrassé par le chasseur, sera éventré au grand bonheur de la fillette, qui retrouvera ainsi, et du même coup, l'air libre et sa mère-grand. Un pique-nique rural s'ensuit, avec bons sentiments, beurre et galette naturellement.
Il s'agit d'un conte d'avertissement, on l'aura compris. A l'époque médiévale, les bois n'étaient guère sûrs et il fallait l'imprimer dans le crâne des marmots (rappelons qu'à cette époque l'effet télévision-marteau n'existait pas). Pour exemple, une version modernisée pourrait se baser sur l'insécurité dans les parkings des centres commerciaux ou dans la Bande de Gaza.


[illustration de Gustave Doré]

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- A la fin de la guerre, les Forces Alliées ont interdit la publication des "Contes de Grimm".
- Non ?
- Si. D'après eux, les atrocités nazies étaient à mettre au compte de ces contes... D'ailleurs Tex Avery l'avait bien compris en faisant endosser la tenue du furher à son fameux loup.
- Hé, j'ai une idée. Une plaisanterie.
- Vas-y...
- Si on disait: "les bons contes font les bons amis" ? Hein ?
- ...
- T'en penses quoi ?
- ...

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Pour en savoir un peu trop sur "Le Petit Chaperon Rouge", cliquez ici (bonjour l'overdose).


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- Encore une chose. Une dernière...
- Une dernière ?
- Oui : après je vais au lit.
- Ok.
- Le Petit Chaperon Rouge n'a pas de prénom. Il (en vérité: elle) porte le nom de son habit. C'est assez unique, nom ?
- Et Blanche Neige ?
- Sa peau est pâle, c'est pas pareil. C'est elle, son corps. Pas son habit.
- Et Boucles d'Or ?
- Idem. Ses cheveux dorés sont bouclés.
- Et ce pendard de Sigfried ?
- Y'a que le Petit Chaperon Rouge pour s'appeler du nom de son vêtement. A tel point qu'on en oublie qu'il s'agit d'un vêtement.
- Moi je le savais.
- Ah ?
- Si tu avais pris la peine d'ouvrir le dictionnaire tu aurais lu qu'un chaperon c'est avant tout un capuchon. Mais pas le capuchon d'un Bic, hein. Plutôt la capuche de ton manteau d'automne...
- Plic-ploc ?
- T'as tout compris !
- Youpi.

dossier écrit et documenté par Stephen Vincke (2010)